Les Médias: 1000 pays en un- Campagnes TV"
-Réalisation : Charlène Hoffsess- Morgane Production- mars 2013
La Presse:
Verger de Louâtre Le bio dans la tête
«J'AI la chance de faire le métier qui me passionne ». Heureusement pour Xavier Ferté car, avec son épouse, ils comptent leurs jours de vacances sur les doigts d'une main depuis qu'ils pratiquent le bio dans leur verger de Louâtre. C'est « la deuxième année de conversion », signale le responsable de lieux mais il affirme s'y préparer depuis trois ans, notamment en « habituant les arbres à ne pas avoir de désherbant ni d'engrais », explique celui qui est formel : « le bio, c'est plus de travail et plus de contact avec les vergers ». Aussi le choix ne peut-il être intéressé selon lui : « le bio, c'est d'abord dans la tête puis dans le cœur et dans le porte-monnaie », assène-t-il.
Mais il apprécie d'aller « du début à la fin » de la production dans ce domaine qu'il exploite uniquement avec sa femme. « 60 à 70 % du coût d'un verger, c'est la main-d'œuvre », affirme en effet l'habitant de Longpont. Aussi a-t-il réduit au maximum les frais. Plantation, production et vente sont assurées par le couple.
La dernière se répartissant entre les marchés - à raison de 3 à 5 par semaine -, les Amap (Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne) et sur place.
La commercialisation est en cours puisque la cueillette, à Louâtre, commence le 1er août et se termine le 15 novembre.
Ici, seize variétés sont cultivées, ce qui veut dire seize plus petites quantités et des récoltes échelonnées. « En ce moment, c'est la pomme d'août, ça rappelle des souvenirs aux anciens », annonce le producteur qui affectionne les anciennes variétés.
Deux pommes d'août
« J'en ai deux », poursuit-il à propos des pommes d'août : la « pomme de moisson », récoltée du 1er au 15 et la « transparente blanche » jusqu'à la fin du mois. « Elles ont une durée de vie très courte », signale-t-il indiquant qu'ensuite, logiquement, ce sera les pommes de septembre. Et ce n'est pas parce que tous les fruits auront été récoltés que le travail sera terminé, il y en a toute l'année ! « Trois mois de cueillette, quatre mois de taille, trois mois d'éclaircissage », énumère le professionnel précisant faire la taille « en vert » en coupant les « gourmands » : « on taille pendant la végétation », ce qui réduit la hauteur des arbres et « apporte de la lumière et de la coloration ».
Et les pommes n'en seront que plus appétissantes !
Laurence PICANO
Tél : 03.23.72.52.46.
Mais il apprécie d'aller « du début à la fin » de la production dans ce domaine qu'il exploite uniquement avec sa femme. « 60 à 70 % du coût d'un verger, c'est la main-d'œuvre », affirme en effet l'habitant de Longpont. Aussi a-t-il réduit au maximum les frais. Plantation, production et vente sont assurées par le couple.
La dernière se répartissant entre les marchés - à raison de 3 à 5 par semaine -, les Amap (Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne) et sur place.
La commercialisation est en cours puisque la cueillette, à Louâtre, commence le 1er août et se termine le 15 novembre.
Ici, seize variétés sont cultivées, ce qui veut dire seize plus petites quantités et des récoltes échelonnées. « En ce moment, c'est la pomme d'août, ça rappelle des souvenirs aux anciens », annonce le producteur qui affectionne les anciennes variétés.
Deux pommes d'août
« J'en ai deux », poursuit-il à propos des pommes d'août : la « pomme de moisson », récoltée du 1er au 15 et la « transparente blanche » jusqu'à la fin du mois. « Elles ont une durée de vie très courte », signale-t-il indiquant qu'ensuite, logiquement, ce sera les pommes de septembre. Et ce n'est pas parce que tous les fruits auront été récoltés que le travail sera terminé, il y en a toute l'année ! « Trois mois de cueillette, quatre mois de taille, trois mois d'éclaircissage », énumère le professionnel précisant faire la taille « en vert » en coupant les « gourmands » : « on taille pendant la végétation », ce qui réduit la hauteur des arbres et « apporte de la lumière et de la coloration ».
Et les pommes n'en seront que plus appétissantes !
Laurence PICANO
Tél : 03.23.72.52.46.
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Les arbres sont
alignés et les rangées rectilignes. En tête de chacune, une petite pancarte
blanche porte le nom de la variété cultivée là, dans le bel ordonnancement du
verger. Des branches ploient sous le poids des pommes, bien rouges, nombreuses,
serrées les unes contre les autres. C’est la rangée des Fuji. Ailleurs,
contraste saisissant d’un relatif dépouillement : beaucoup de feuilles,
beaucoup de branches (des gourmands) mais peu de fruits. Août au verger, avec
la cueillette des premières pommes, est un peu l’heure de vérité, vérité peu
agréable en cette année 2010, vérité éclatante d’une récolte qui ne sera pas
bonne. Les gelées de mars 2010 ont été fatales et la production affichera un
déficit de 50 %. Seules les pommes à floraison tardive (Fuji) n’ont pas
souffert. Au Verger de Louâtre, une bonne saison affiche une production pouvant
aller jusqu’à vingt tonnes. Xavier nous explique que ce sont les pépins qui
font grossir la pomme ; ils en sont le cœur et le poumon. Et le moment décisif
est celui de la nouaison* qui transforme la fleur en fruit.
Cet après-midi là,
nous suivons Xavier et Véronique pour un tour du propriétaire qui nous mène de
Reines des reinettes en Transparentes blanches, de Smothee en Idared : petit voyage
en verger… Nos arboriculteurs ont investi les lieux en 1992. Enfants du pays,
tous deux ont choisi de demeurer fidèles à ce petit coin de Picardie qui les a
vit naître l’un et l’autre. Après avoir grandi avec les moutons et les chèvres
qu’élevait son père à Pacy-en-Valois (à une vingtaine de kilomètres de
Louâtre), Xavier a suivi une formation en météorologie avant de se passionner
pour la culture des pommes. Aujourd’hui, ce verger qui s’étend sur 3 hectares,
abrite 16 variétés de pommes. La première cueillie est la Pomme de moissons (1
août). Variété très ancienne, cette pomme est devenue rare. Arrivant au moment
où les blés étaient fauchés, elle a gardé son nom évocateur de plein été, de
chaleur et de battages. Croquante et juteuse, elle se déguste sur place car sa
durée de conservation est courte. Autre variété précoce : la Transparente
blanche est cueillie juste après la Pomme de moissons. Et c’est aux alentours
du 15 novembre que la Melrose viendra remplir les derniers palox*.
Petite leçon de cueillette. Le sac est ajusté à la taille du cueilleur, la bandoulière passée derrière le cou. Le bas du sac, ouvert, est retourné pour y garder les pommes. Pour le vider sans malmener les fruits, il suffira de libérer la sangle qui tient le fond du sac fermé et les pommes, libérées, seront ainsi déposées délicatement dans le palox où elles seront conservées. La pomme se cueille avec la paume. Saisir une pomme entre le pouce et l’index — ce que vous et moi eussions fait « naturellement » — est, sinon sacrilège, une erreur grave qui condamne la pomme : la pression des doigts marque le fruit qui, très vite se flétrira puis pourrira et finalement, contaminera l’ensemble du palox…
Petite leçon de cueillette. Le sac est ajusté à la taille du cueilleur, la bandoulière passée derrière le cou. Le bas du sac, ouvert, est retourné pour y garder les pommes. Pour le vider sans malmener les fruits, il suffira de libérer la sangle qui tient le fond du sac fermé et les pommes, libérées, seront ainsi déposées délicatement dans le palox où elles seront conservées. La pomme se cueille avec la paume. Saisir une pomme entre le pouce et l’index — ce que vous et moi eussions fait « naturellement » — est, sinon sacrilège, une erreur grave qui condamne la pomme : la pression des doigts marque le fruit qui, très vite se flétrira puis pourrira et finalement, contaminera l’ensemble du palox…
Environ un quart du
terrain de Louâtre ne porte aucun arbre. C’est une pâture et c’est le domaine
des fleurs sauvages et autres herbes que l’on qualifie habituellement de
mauvaises, des sauterelles et des coccinelles qui y fourmillent. En jachère
depuis une dizaine d’années, cette pâture est désormais agréée bio. Des rangées
de pommiers y seront plantées progressivement tandis que les vieux
arbres — un pommier a une durée de vie de 20 ans —, à l’autre extrémité du
verger, seront arrachés. Ainsi, le verger se renouvelle par rotation, les
places libérées par les pommiers arrachés restant vacantes ou plantées d’autres
variétés. En effet, il ne faut pas planter de jeunes pommiers sur une parcelle
qui était déjà en verger… A moins d’attendre 20 ans ! A Louâtre, dans les
rangées libérées, on trouvera par exemple des fruitiers tels que pruniers et
noyers ; on trouvera aussi des noisetiers plantés là pour la protection et le
développement des coccinelles et des syrphes* dont les larves sont grandes
mangeuses de pucerons. Les vieux arbres quant à eux, ne sont pas totalement
oubliés : leurs racines sont entassées et servent de maison d’hivernage aux
insectes.
Le verger, situé en
léger surplomb de champs et forêts de part et d’autre, offre un large point de
vue sur la campagne environnante. Lorsqu’ils l’ont repris en 1992 à un
arboriculteur qui utilisait des méthodes de production conventionnelles, Xavier
et Véronique ont d’abord choisi de pratiquer la culture naturelle (maximum de
produits naturels et seulement quelques produits conventionnels). Le verger est
en bio depuis 2008 et sera labellisé en 2011 (1). Seul arboriculteur bio de
l’Aisne, Xavier fait figure d’exception dans son département, surtout connu
pour sa culture betteravière. L’Aisne fait en effet partie des départements
français plus grands producteurs de betteraves. Sur “labetterave.com”, on
apprend que l’Union européenne est 1e producteur de sucre de betterave dans le
monde. Dans cette Europe de la betterave, la France est : le 1e producteur
européen de sucre ; le 1e producteur mondial de sucre de betterave ; le 1e
producteur mondial de bioéthanol de betterave. Le rédacteur de
“labetterave.com” précise que le mode d’ “agriculture raisonnée [qui est
pratiquée] nous garantit des produits de qualité et le respect de
l’environnement.” Cela n’empêchera certes pas Xavier de “pester” contre son
voisin betteravier dont les produits, répandus sur le champ jouxtant le verger,
ont littéralement brûlé la haie de cyprès qu’il avait plantée là pour protéger
les pommiers….
Du verger de Louâtre,
on aperçoit au loin l’exploitation d’un autre arboriculteur. Soumis à des
méthodes de culture conventionnelles, ce verger produit chaque année entre 40
et 50 tonnes de pommes par hectare, production astronomique au regard de celle
des Ferté (5 à 7 tonnes) (2). Mais Xavier insiste : dans une démarche bio, ce
qui compte, par ordre d’importance, c’est d’abord le cœur, puis la tête, enfin
le porte-monnaie. Le cœur est le lieu de la passion, la tête, celui où
s’élabore un travail d’une haute technicité. Quant au porte-monnaie, il se
distingue par sa minceur !
Toute la production de Louâtre est vendue en direct. Xavier et Véronique travaillent en Amap depuis septembre 2009 (Amapuces, Amaps de Ménilmontant, de Pantin et de Clichy) ; ils vendent également sur les marchés de l’Aisne. Ce choix du contact direct avec la clientèle accompagne celui de l’agriculture biologique et apporte à nos arboriculteurs les richesses dont ils ont besoin. Défendant des valeurs qui leurs sont chères, soucieux de faire découvrir et partager leur passion, le cadre et le mode de vie qui sont les leurs justifient leurs choix et engagements. Et puis, que les « gens » (vous, moi !) ne sache pas qu’il existe 11 000 variétés de pommes dans le monde et 1 350 variétés enregistrées en France, qu’ils se contentent de croquer les Granny et autres Golden du supermarché sans le moindre soupçon des saveurs à côté desquelles ils passent, montre combien le travail d’éducation qui leur tient tant à cœur est nécessaire dans notre beau pays agricole !
Toute la production de Louâtre est vendue en direct. Xavier et Véronique travaillent en Amap depuis septembre 2009 (Amapuces, Amaps de Ménilmontant, de Pantin et de Clichy) ; ils vendent également sur les marchés de l’Aisne. Ce choix du contact direct avec la clientèle accompagne celui de l’agriculture biologique et apporte à nos arboriculteurs les richesses dont ils ont besoin. Défendant des valeurs qui leurs sont chères, soucieux de faire découvrir et partager leur passion, le cadre et le mode de vie qui sont les leurs justifient leurs choix et engagements. Et puis, que les « gens » (vous, moi !) ne sache pas qu’il existe 11 000 variétés de pommes dans le monde et 1 350 variétés enregistrées en France, qu’ils se contentent de croquer les Granny et autres Golden du supermarché sans le moindre soupçon des saveurs à côté desquelles ils passent, montre combien le travail d’éducation qui leur tient tant à cœur est nécessaire dans notre beau pays agricole !
*La nouaison est la phase initiale de
la formation du fruit. C’est le moment où l’ovaire de la fleur se transforme en
fruit après la fécondation.
*On appelle palox les caisses de très
grande contenance, utilisées en agriculture.
*Les syrphes appartiennent à la
famille des diptères (mouches). Camouflés comme des petites guêpes ou des
bourdons, en jaune et noir pour faire peur à leurs propres prédateurs, ils
volent étonnamment vite et font aussi du sur-place. Ils sont utiles à bien des
égards au jardin potager bio ; ils participent à la pollinisation des fleurs ;
leurs larves se nourrissent soit de détritus soit de pucerons selon l’espèce.
(1) L’agriculture biologique est fortement contrôlée.
Ecosert, organisme de contrôle et de certification, effectue deux à quatre
visites par an pour des analyses : terre, feuilles, factures…
(2) Parmi les produits agricoles, celui qui est le
plus traité est la pomme.
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