jeudi 24 octobre 2013

On en parle: médias et blogs

Les Médias:                      1000 pays en un- Campagnes TV"
                         -
Réalisation : Charlène Hoffsess- Morgane Production- mars 2013

La Presse:


Verger de Louâtre Le bio dans la tête

Publié le samedi 22 août 2009 à 01H00- L'Union l'Ardennais


«J'AI la chance de faire le métier qui me passionne ». Heureusement pour Xavier Ferté car, avec son épouse, ils comptent leurs jours de vacances sur les doigts d'une main depuis qu'ils pratiquent le bio dans leur verger de Louâtre. C'est « la deuxième année de conversion », signale le responsable de lieux mais il affirme s'y préparer depuis trois ans, notamment en « habituant les arbres à ne pas avoir de désherbant ni d'engrais », explique celui qui est formel : « le bio, c'est plus de travail et plus de contact avec les vergers ». Aussi le choix ne peut-il être intéressé selon lui : « le bio, c'est d'abord dans la tête puis dans le cœur et dans le porte-monnaie », assène-t-il.
Mais il apprécie d'aller « du début à la fin » de la production dans ce domaine qu'il exploite uniquement avec sa femme. « 60 à 70 % du coût d'un verger, c'est la main-d'œuvre », affirme en effet l'habitant de Longpont. Aussi a-t-il réduit au maximum les frais. Plantation, production et vente sont assurées par le couple.
La dernière se répartissant entre les marchés - à raison de 3 à 5 par semaine -, les Amap (Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne) et sur place.
La commercialisation est en cours puisque la cueillette, à Louâtre, commence le 1er août et se termine le 15 novembre.
Ici, seize variétés sont cultivées, ce qui veut dire seize plus petites quantités et des récoltes échelonnées. « En ce moment, c'est la pomme d'août, ça rappelle des souvenirs aux anciens », annonce le producteur qui affectionne les anciennes variétés.
Deux pommes d'août
« J'en ai deux », poursuit-il à propos des pommes d'août : la « pomme de moisson », récoltée du 1er au 15 et la « transparente blanche » jusqu'à la fin du mois. « Elles ont une durée de vie très courte », signale-t-il indiquant qu'ensuite, logiquement, ce sera les pommes de septembre. Et ce n'est pas parce que tous les fruits auront été récoltés que le travail sera terminé, il y en a toute l'année ! « Trois mois de cueillette, quatre mois de taille, trois mois d'éclaircissage », énumère le professionnel précisant faire la taille « en vert » en coupant les « gourmands » : « on taille pendant la végétation », ce qui réduit la hauteur des arbres et « apporte de la lumière et de la coloration ».
Et les pommes n'en seront que plus appétissantes !
Laurence PICANO
Tél : 03.23.72.52.46.
Blogs amapiens



Durant toute une saison, de septembre à juin, Xavier et Véronique Ferté sont venus chaque mois à Saint-Ouen nous livrer notre part de récolte de pommes toujours exquises. Il était grand temps qu’à notre tour, nous fassions le voyage à Louâtre, petit village de l’Aisne situé entre Villers-Cotterêts et Soissons, au cœur d’une Picardie aux paysages vallonnés, aux forêts denses et aux villages cossus. En ce jeudi d’août, après quelques journées marquées du sceau d’une météo désespérément automnale, c’est sous le signe inattendu de l’été revenu que nous fûmes accueillis au verger.
Les arbres sont alignés et les rangées rectilignes. En tête de chacune, une petite pancarte blanche porte le nom de la variété cultivée là, dans le bel ordonnancement du verger. Des branches ploient sous le poids des pommes, bien rouges, nombreuses, serrées les unes contre les autres. C’est la rangée des Fuji. Ailleurs, contraste saisissant d’un relatif dépouillement : beaucoup de feuilles, beaucoup de branches (des gourmands) mais peu de fruits. Août au verger, avec la cueillette des premières pommes, est un peu l’heure de vérité, vérité peu agréable en cette année 2010, vérité éclatante d’une récolte qui ne sera pas bonne. Les gelées de mars 2010 ont été fatales et la production affichera un déficit de 50 %. Seules les pommes à floraison tardive (Fuji) n’ont pas souffert. Au Verger de Louâtre, une bonne saison affiche une production pouvant aller jusqu’à vingt tonnes. Xavier nous explique que ce sont les pépins qui font grossir la pomme ; ils en sont le cœur et le poumon. Et le moment décisif est celui de la nouaison* qui transforme la fleur en fruit.
Cet après-midi là, nous suivons Xavier et Véronique pour un tour du propriétaire qui nous mène de Reines des reinettes en Transparentes blanches, de Smothee en Idared : petit voyage en verger… Nos arboriculteurs ont investi les lieux en 1992. Enfants du pays, tous deux ont choisi de demeurer fidèles à ce petit coin de Picardie qui les a vit naître l’un et l’autre. Après avoir grandi avec les moutons et les chèvres qu’élevait son père à Pacy-en-Valois (à une vingtaine de kilomètres de Louâtre), Xavier a suivi une formation en météorologie avant de se passionner pour la culture des pommes. Aujourd’hui, ce verger qui s’étend sur 3 hectares, abrite 16 variétés de pommes. La première cueillie est la Pomme de moissons (1 août). Variété très ancienne, cette pomme est devenue rare. Arrivant au moment où les blés étaient fauchés, elle a gardé son nom évocateur de plein été, de chaleur et de battages. Croquante et juteuse, elle se déguste sur place car sa durée de conservation est courte. Autre variété précoce : la Transparente blanche est cueillie juste après la Pomme de moissons. Et c’est aux alentours du 15 novembre que la Melrose viendra remplir les derniers palox*.
Petite leçon de cueillette. Le sac est ajusté à la taille du cueilleur, la bandoulière passée derrière le cou. Le bas du sac, ouvert, est retourné pour y garder les pommes. Pour le vider sans malmener les fruits, il suffira de libérer la sangle qui tient le fond du sac fermé et les pommes, libérées, seront ainsi déposées délicatement dans le palox où elles seront conservées. La pomme se cueille avec la paume. Saisir une pomme entre le pouce et l’index — ce que vous et moi eussions fait « naturellement » — est, sinon sacrilège, une erreur grave qui condamne la pomme : la pression des doigts marque le fruit qui, très vite se flétrira puis pourrira et finalement, contaminera l’ensemble du palox…
Environ un quart du terrain de Louâtre ne porte aucun arbre. C’est une pâture et c’est le domaine des fleurs sauvages et autres herbes que l’on qualifie habituellement de mauvaises, des sauterelles et des coccinelles qui y fourmillent. En jachère depuis une dizaine d’années, cette pâture est désormais agréée bio. Des rangées de pommiers y seront plantées progressivement tandis que les vieux arbres — un pommier a une durée de vie de 20 ans —, à l’autre extrémité du verger, seront arrachés. Ainsi, le verger se renouvelle par rotation, les places libérées par les pommiers arrachés restant vacantes ou plantées d’autres variétés. En effet, il ne faut pas planter de jeunes pommiers sur une parcelle qui était déjà en verger… A moins d’attendre 20 ans ! A Louâtre, dans les rangées libérées, on trouvera par exemple des fruitiers tels que pruniers et noyers ; on trouvera aussi des noisetiers plantés là pour la protection et le développement des coccinelles et des syrphes* dont les larves sont grandes mangeuses de pucerons. Les vieux arbres quant à eux, ne sont pas totalement oubliés : leurs racines sont entassées et servent de maison d’hivernage aux insectes.
Le verger, situé en léger surplomb de champs et forêts de part et d’autre, offre un large point de vue sur la campagne environnante. Lorsqu’ils l’ont repris en 1992 à un arboriculteur qui utilisait des méthodes de production conventionnelles, Xavier et Véronique ont d’abord choisi de pratiquer la culture naturelle (maximum de produits naturels et seulement quelques produits conventionnels). Le verger est en bio depuis 2008 et sera labellisé en 2011 (1). Seul arboriculteur bio de l’Aisne, Xavier fait figure d’exception dans son département, surtout connu pour sa culture betteravière. L’Aisne fait en effet partie des départements français plus grands producteurs de betteraves. Sur “labetterave.com”, on apprend que l’Union européenne est 1e producteur de sucre de betterave dans le monde. Dans cette Europe de la betterave, la France est : le 1e producteur européen de sucre ; le 1e producteur mondial de sucre de betterave ; le 1e producteur mondial de bioéthanol de betterave. Le rédacteur de “labetterave.com” précise que le mode d’ “agriculture raisonnée [qui est pratiquée] nous garantit des produits de qualité et le respect de l’environnement.” Cela n’empêchera certes pas Xavier de “pester” contre son voisin betteravier dont les produits, répandus sur le champ jouxtant le verger, ont littéralement brûlé la haie de cyprès qu’il avait plantée là pour protéger les pommiers….
Du verger de Louâtre, on aperçoit au loin l’exploitation d’un autre arboriculteur. Soumis à des méthodes de culture conventionnelles, ce verger produit chaque année entre 40 et 50 tonnes de pommes par hectare, production astronomique au regard de celle des Ferté (5 à 7 tonnes) (2). Mais Xavier insiste : dans une démarche bio, ce qui compte, par ordre d’importance, c’est d’abord le cœur, puis la tête, enfin le porte-monnaie. Le cœur est le lieu de la passion, la tête, celui où s’élabore un travail d’une haute technicité. Quant au porte-monnaie, il se distingue par sa minceur !
Toute la production de Louâtre est vendue en direct. Xavier et Véronique travaillent en Amap depuis septembre 2009 (Amapuces, Amaps de Ménilmontant, de Pantin et de Clichy) ; ils vendent également sur les marchés de l’Aisne. Ce choix du contact direct avec la clientèle accompagne celui de l’agriculture biologique et apporte à nos arboriculteurs les richesses dont ils ont besoin. Défendant des valeurs qui leurs sont chères, soucieux de faire découvrir et partager leur passion, le cadre et le mode de vie qui sont les leurs justifient leurs choix et engagements. Et puis, que les « gens » (vous, moi !) ne sache pas qu’il existe 11 000 variétés de pommes dans le monde et 1 350 variétés enregistrées en France, qu’ils se contentent de croquer les Granny et autres Golden du supermarché sans le moindre soupçon des saveurs à côté desquelles ils passent, montre combien le travail d’éducation qui leur tient tant à cœur est nécessaire dans notre beau pays agricole !

*La nouaison est la phase initiale de la formation du fruit. C’est le moment où l’ovaire de la fleur se transforme en fruit après la fécondation.
*On appelle palox les caisses de très grande contenance, utilisées en agriculture.
*Les syrphes appartiennent à la famille des diptères (mouches). Camouflés comme des petites guêpes ou des bourdons, en jaune et noir pour faire peur à leurs propres prédateurs, ils volent étonnamment vite et font aussi du sur-place. Ils sont utiles à bien des égards au jardin potager bio ; ils participent à la pollinisation des fleurs ; leurs larves se nourrissent soit de détritus soit de pucerons selon l’espèce.
(1) L’agriculture biologique est fortement contrôlée. Ecosert, organisme de contrôle et de certification, effectue deux à quatre visites par an pour des analyses : terre, feuilles, factures…
(2) Parmi les produits agricoles, celui qui est le plus traité est la pomme.





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire